« Les gens s’intéressent à l’art parce que c’est la seule trace de notre passage sur terre », voici la réplique de Philippe (François Cluzet), dans le film Intouchables (2011).

Si on pouvait paraphraser cette réplique, on pourrait dire que la mort n’est qu’un détail et que l’art est tout ce qu'il reste. Cela nous empêche aussi (et heureusement) de sanctifier les gens à chaque fois qu’ils meurent. L’art est tout (ce qu’il reste) et la mort n’est qu’un passage entre l’état matériel et l’impérissable.

Paolo Pininfarina est décédé à Turin, le 9 avril 2024, à l’âge de 65 ans, des suites d’une longue maladie, mais son design restera immortel. Le petit-fils de Battista, fondateur de la célèbre marque turinoise qui a porté le made in Italy dans le monde entier, a été l’auteur des lignes inoubliables de Ferrari et Peugeot, mais pas seulement.

Paolo Pininfarina avait donné son style inimitable à l’univers de la cuisine : la créativité et l’innovation technique, ainsi que l’émotion et la rigueur fonctionnelle, étaient les axes sur lesquels se fondait la collaboration exclusive entre le designer italien et Snaidero, le fabricant italien de meubles de cuisine. Paolo Pininfarina et Snaidero ont commencé à travailler ensemble en 1990 et le premier résultat de ce partenariat fut la cuisine Ola, une approche du design qui ne suit pas les tendances mais qui, au contraire, les anticipe.

« Un beau design ne peut exister sans être pratique, et une parfaite fonctionnalité ne peut être atteinte sans une forme parfaite », commentait Paolo Pininfarina. Mais cette collaboration avec Snaidero, « on peut qualifier cette relation comme une histoire d’amour », précisait Paolo Pininfarina, donna également naissance aux modèles Viva, Idea, Acropolis ou encore Venus.

Notre directeur, Gilles Verriès, a eu l’honneur de connaître et d’interviewer le grand designer italien (voir L’Officiel des Cuisinistes magazine de juin 2012). Voici son souvenir : « C’était en avril 2012, pendant le salon EuroCucina, sur le stand Snaidero. Quelques personnes de la presse internationale, dont moi, ont eu la chance d’interviewer Paolo Pininfarina. Il avait beaucoup d’enthousiasme et de passion à propos de sa collaboration avec Snaidero que nous avons évoquée et détaillée pendant un moment. Fervent supporter de la Juventus de Turin, lorsqu’il apprit que je venais de Montpellier, il ne put s’empêcher d’aborder le sujet football (ndlr : le MHSC fut champion de France pour la première fois en 2012). Il compara les exploits de Montpellier cette saison-là, qui jouait avec les jambes et le cœur et non l’argent, avec l’esprit de son équipe fétiche, tout en raillant l’ennemi historique qu’était l’AC Milan. Le tout, dans un français impeccable. Un grand Monsieur nous a quittés et je conserve un souvenir particulièrement agréable et intéressant de notre rencontre et de notre échange ce jour-là. »

Paolo Pininfarina a été entouré jusqu’au dernier moment de sa famille : sa femme Ilaria, ses cinq enfants Greta, Giovanni, Iole, Tullio et Giulia et sa mère Giorgia Gianolio.