L'Officiel des Cuisinistes
analyse
«Tout le monde doit respecter les règles»
«Tout le monde doit respecter les règles»

Immédiatement après un Conseil d’Administration exceptionnel du SNEC, organisé le mardi 3 novembre, le président de l’organisation professionnelle nous a accordé une interview exclusive.

L’Officiel des Cuisinistes – Quelles ont été les actions du SNEC depuis l’annonce du reconfinement et les réactions que cela a engendrées dans notre secteur ?

Christian MENNRATH – Comme tout le monde l’a constaté, nous avons tous été pris de court par la décision du Gouvernement. Contrairement au premier confinement, le décret publié le 29 octobre modifiait un peu la donne. Cette fois-ci, les professionnels sont censés pouvoir travailler, mais les surfaces commerciales sont censées n’ouvrir que pour distribuer des biens dits essentiels ou fournir des biens pour ceux qui travaillent, comme par exemple les artisans. Cette nouveauté a créé son lot de dysfonctionnements. Evidemment, il est difficile pour le législateur de répondre à tous les cas de figure dans un même texte. Certaines surfaces commerciales ont donc pu rester ouvertes quand nos magasins de cuisines ont dû fermer. Mais ces surfaces vendent des meubles de cuisines.

Ce "trou dans la raquette" a immédiatement engendré des réactions logiques. Dès le vendredi 30 octobre, nous avons assisté à un festival de mécontentements. Nos adhérents ont vu dans leur zone des consommateurs affluer en masse dans les enseignes ouvertes pour passer des commandes alors que leur magasin était fermé. Nous avons vécu un week-end difficile. C’était inacceptable. Nous devions agir pour que cette situation évolue. Nous avons donc beaucoup travaillé auprès des Ministères concernés.

Force est de constater que nous-même et de nombreux autres secteurs ont été entendus. Dès dimanche soir, l’intervention du Premier Ministre a clarifié les choses. La priorité est de lutter contre le virus, il a annoncé sa décision de fermer les rayons et espaces qui continuaient à vendre des produits non essentiels. Ce n’était pas notre volonté, puisque nous voulions permettre la réouverture de nos magasins.

La typologie de vente d’un point de vente de cuisines permet, selon nous, de les maintenir ouverts au public. Ils accueillent peu de personnes simultanément et fonctionnent souvent sur rendez-vous. Ils appliquent également des mesures sanitaires strictes depuis le 11 mai. La fameuse jauge Covid est largement supérieure à la réalité de l’affluence d’un magasin. Dans nos demandes, nous proposions même de la baisser.

Le Gouvernement a pris une autre décision. Nous l’entendons. Cette épidémie touche tout le monde, il faut être unis pour faire face. C’est donc une bonne mesure si on veut stopper cette courbe dramatique. Nous attendions donc que cette annonce soit formalisée dans un texte de loi. Le décret a été publié le lundi 2 novembre pour entrer en application ce mercredi 4 novembre depuis minuit.

O.C. – Que retenir de ce décret ?

C.M. – Il règle beaucoup de choses. Le premier point concerne évidemment la distorsion de concurrence. C’est clair, personne ne peut vendre de meubles depuis ce mercredi 4 novembre dans les surfaces commerciales encore ouvertes. Autre point intéressant, ce décret précise les modalités qui permettent de continuer à travailler et de s’adresser aux consommateurs. C’est important, car ce n’était pas clair dans le premier décret. Dans notre activité, plusieurs actions sont à mener chez le client final. Je pense bien sûr au métré, à la livraison, à la pose et la réception du chantier.

Sans autorisation de déplacement au domicile, le professionnel ne peut pas effectuer ces opérations. Le décret le dit très clairement, elles sont possibles car elles entrent dans le cadre normal de fonctionnement du magasin tout en se passant à l’extérieur. Cela sécurise le cuisiniste. Je pense donc que nous sommes mieux armés pour traverser cette nouvelle période difficile. Le cuisiniste peut travailler son carnet de commandes, il peut poser une cuisine et les usines peuvent tourner.

O.C. – La vente à domicile est-elle autorisée ?

C.M. – Notre interprétation des textes est là aussi claire, bien que ce ne soit pas explicitement dit par les textes en vigueur. Bien sûr, la vente à distance reste possible, d’ailleurs beaucoup d’acteurs l’avaient déployée lors du premier confinement. Mais la vente à domicile n’est pas permise. Tout le monde est donc censé respecter la loi, quel que soit son mode de distribution.

Nous traversons une tempête, nous devons faire front tous ensemble. Cependant, nous allons tout faire pour faire entendre notre voix et proposer des solutions pour permettre la réouverture des magasins. C’est la priorité absolue du SNEC. Les magasins peuvent accueillir du public dans des conditions de sécurité sanitaire optimales. C’est un message que nous porterons conjointement avec la FNAEM et la FENACEREM.

O.C. – Certains cuisinistes exaspérés veulent malgré tout ouvrir leur magasin en se mettant volontairement hors la loi. Que leur dites-vous ?

C.M. – Le décret publié le 2 novembre est clair, il faut respecter la loi. Si certaines grandes surfaces ouvrent malgré tout leur espaces cuisines, elles ne pourront plus jouer sur les imprécisions des textes législatifs. Le doute n’est plus permis. Si malgré tout, certains ouvrent dans notre secteur, le SNEC entend faire respecter une concurrence loyale.

Nous allons recueillir les remontées du terrain de la part de nos adhérents. Si nous constatons qu’un magasin sous enseigne ou indépendant est ouvert, nous nous adresserons directement à eux. Si nous ne sommes pas entendus, nous n’excluons pas d’engager des actions en référé. Tout le monde doit respecter les règles pour que nous nous en sortions tous ensemble, le plus vite possible.